En ce moment, le monde des concours de beauté me fait penser à une jungle où tous les coups sont permis. Et c’est dommage !!!
Comment en suis-je arrivée à cette désastreuse vision ?
La pandémie a provoqué chez beaucoup d’organisation une remise en question, mais surtout elle a permis la libération de la parole, et ce que nous avons découvert n’est pas joli joli.
Plus de 15 ans que je travaille dans les concours de beauté pour lesquels j’ai toujours eu une passion depuis mon enfance. Ce n’est pas la scène qui m’attire, mais tout ce qui se passe dans les backstages et les différentes étapes pour parvenir à vous faire rêver devant votre poste de télévision, qui ne sont qu’une infime partie de la vie d’une miss.
Pourtant depuis quelques années, je suis excédée par la mauvaise image que renvoient certaines organisations jetant au passage l’opprobre sur l’ensemble de ce milieu. En effet, j’en ai un peu assez de devoir expliquer régulièrement à mon entourage que ce milieu ne se résume pas aux paillettes et au glamour, qu’ils observent assis confortablement dans leur canapé. La pageantry se révèle beaucoup plus complexe qu’il n’y paraît au premier abord. Derrière ces shows très bien huilés, il existe un quotidien bien éloigné du rêve que les producteurs nous vendent lors des élections.
J’en entends certains prétendre que les concours de beauté sont démodés. Si cela s’avérait exact, je ne pense pas qu’un milliard de téléspectateurs se passionneraient chaque année devant Miss World ou Miss Univers. Les concours évoluent en permanence au fil du temps pour être en adéquation avec la société, avec leur temps. Nous fêtons le centenaire des premiers concours de beauté en ce moment. Seulement une poignée perdure depuis les années 1920 et leur survie ne fut qu’au prix de nombreuses adaptations face aux obstacles (comme de nombreuses manifestations féministes qui voulaient les interdire) et aux évolutions de la société. J’ai toujours été impressionnée par leur aptitude à se métamorphoser pour répondre aux attentes de leur public, mais aussi à ceux des candidats.
D’autres me disent qu’ils véhiculent une vision dégradante de la femme. C’est mal connaître ce milieu, puisque l’image « Sois belle et tais-toi » des candidates a volé en éclats depuis bien longtemps grâce au travail d’organisations qui transforment ces chrysalides en des leaders qui comptent dans le monde d’aujourd’hui. Mais il est vrai que les comportements de certains directeurs, de certains sponsors n’aident pas à se défaire de cette image peu flatteuse et surannée.
Depuis quelques mois, la parole s’est libérée et je fus consternée d’apprendre les mauvaises expériences qu’on put vivre certains au cours de leur règne. Je suis heureuse que la justice dans la plupart des cas se soit saisie de ces histoires pour enquêter et empêcher de nuire certains directeurs qui dorment pour certains en prison à la suite d’accusations de viols, d’attouchements sexuels et même de proxénétisme… Il était temps de faire un peu de ménage, car de tels comportements ne devraient jamais arriver. Mais hélas, ce fut le cas et trop souvent les victimes n’ont pas osé parler, certains ayant des pensées suicidaires face aux murs qu’ils rencontraient lorsqu’ils voulaient avertir de ces délits.
Les jeunes gens qui se présentent à ses concours le font souvent avec un but inavoué. La grande majorité désire utiliser leur titre afin de se garantir un avenir dans un domaine inaccessible pour eux, ou bien ils ont la volonté de soutenir des causes qui leur tiennent à cœur en les médiatisant, en leur apportant des fonds ou en orchestrant des actions pour permettre leur développement.
Ainsi, chacun possède ses propres motivations lorsqu’ils se lancent dans cette aventure, mais il est regrettable lorsque des comités les dégoûtent de ce milieu, leur brisent les ailes en plein vol.
Une autre idée reçue que j’entends souvent à propos des concours est que tout est joué d’avance. Que nenni ! Je ne dis pas non plus que ce milieu ne possède pas quelques brebis galeuses que nous avons pu repérer au cours de nos enquêtes, de nos rencontres. Lors de recherches, je reconnais que nous avons rencontré des « escrocs » qui n’hésitent pas à utiliser les concours à leurs propres desseins et qui soutirent de l’argent à certains aspirants naïfs en leur vendant un rêve inaccessible.
C’est le cas lorsque ces comités ne respectent pas leur propre règlement, qu’ils changent en fonction de leur envie sans tenir compte de la loi. De même, ne pas communiquer les modalités de désignation des gagnants ou même les notes finales reste des points qui me font sortir de mes gonds.
Mais, je peux vous assurer que pour une grande majorité, les directeurs sont avant tout des passionnés, qui ne comptent pas leurs heures, ni leurs moyens pour faire vivre leur concours et ainsi mettre des étoiles dans les yeux des candidats. Ils apportent une expérience unique à de jeunes gens au grand cœur, mais manquant parfois de confiance en eux. Ils leur apprennent de cette façon à s’intéresser au monde qui les entoure, à tendre la main à une communauté dans le besoin ou à prendre la parole devant un public. La plupart de ces lauréats m’ont dit que de gagner une écharpe leur a offert de s’épanouir et de devenir des adultes responsables et entreprenants. Ils se sont ouverts aux autres et comprennent qu’un simple sourire, un petit bonjour ou un geste de la main peut remplir le cœur de la personne qui le reçoit.
C’est en pensant à ces bénévoles, à ces passionnés, que nous avons imaginé ce nouveau projet qui a émergé à la suite de nombreuses plaintes que nous avons reçues et de nombreuses enquêtes que nous avons menées.
Le 15 octobre 2022 verra la naissance de la Fédération Européenne de la Pageantry.
À l’image de ce qui existe aux USA, mais aussi au Bénin, il était temps de créer une organisation indépendante dont le seul but est de regrouper les comités, de favoriser leur développement et leur formation en respectant les valeurs de chacun, mais surtout en entreprenant des actions afin de promouvoir et encourager l’éthique professionnelle au sein de ces différentes organisations. Nous élaborerons un « code de déontologie » solide qui définira les standards d’une conduite éthique et respectueuse au sein des concours de beauté.
Elle n’interviendra pas dans vos critères d’éligibilité ni dans vos règlements, sauf s’ils sont contraires à la loi, puisque chaque concours est unique et dépend des valeurs que son fondateur souhaite lui insuffler. La Fédération sera juste là pour s’assurer de leur respect de A à Z et rassurer les candidats du bon déroulement des concours.
Le but est de promouvoir ainsi une concurrence équitable et éthique entre les comités dans chaque pays européen. Notre désir est de voir chaque concurrent s’épanouir et grandir grâce à des expériences réussies au sein de concours stimulants et valorisants.
Tous les comités peuvent exister sans se faire la guerre. Il y a de la place pour tout le monde du moment que chacun respecte l’autre et ses valeurs. La Fédération s’emploiera à valoriser chacun de ses membres pour autant qu’ils respectent le code que nous souhaitons déployer au sein de ce milieu et qui évoluera régulièrement au cours du temps et de nos discussions avec les membres.
La Fédération n’oublie pas les candidats et tous ceux qui œuvrent dans l’ombre pour les aider à atteindre leur but, puisqu’elle sera ravie d’accueillir toutes les bonnes âmes qui souhaitent œuvrer avec elle afin de développer un milieu plus sain et plus éthique.
Elle assura aussi un soutien à tous les candidats, qui vivraient un traumatisme au sein d’une organisation. La Fédération enquêtera si nécessaire sur toutes les dérives portées à sa connaissance pour s’assurer de leur véracité afin de les dénoncer, mais aussi de permettre la libération de la parole afin que tout cela cesse. Nous leur fournirons aussi les éléments nécessaires pour pouvoir se défendre.
Alors rejoignez-nous.
Mélanie
Membre fondateur de l’European Federation of Pageantry
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